Fra’ Angelico

En conclusion des célébrations à l'occasion du 550e anniversaire de la mort d’un grand protagoniste de la Première Renaissance italienne, l’ Assessorato alle Politiche Culturali e della Comunicazione Sovraintendenza ai Beni Culturali de la Mairie de Rome, le Comitato Nazionale per i 550 anni della morte del Beato Angelico et Zètema Progetto Cultura organisent une importante exposition consacrée à Fra’ Giovanni da Fiesole (actif à Florence dès 1417 et mort à Rome en 1455), la plus grande exposition qui ait jamais été consacrée à Fra’ Angelico en Italie depuis la monographie réalisée en 1955 au Vatican et à Florence, à l'occasion alors d'un centenaire. “ Fra’ Angelico. L’aube de la Renaissance” présentera différentes œuvres qui n’ont jamais été exposées auparavant, du Triptyque de la Galleria Corsini de Rome à la prédelle du Retable de Bosco ai Frati, restaurés pour l’occasion grâce aux fonds du Comité pour les célébrations. À travers une sélection exhaustive d’ œuvres provenant des musées italiens et étrangers les plus importants, l’exposition documente l'activité longue et féconde de Fra’ Giovanni da Fiesole, de sa jeunesse inspirée des plus exquises élégances tardo-gothiques (telles la Thébaïde des Uffizi et la Madonna di Cedri du Musée de Pise) jusqu’à sa dernière étape romaine, caractérisée définitivement par un faciès humaniste, monumental et de tendance classique (songez au Triptyque de la Galleria Corsini ou à la prédelle du retable de Bosco ai Frati). Le choix des œuvres - bien que conditionné par la fragilité des supports (panneaux ou codes enluminés) - a été accompli selon deux lignes directrices principales: si d’une part, il a été tenu compte des critères de qualité et d’autographie dans le but d’assurer une représentation significative des différentes phases de la production de Fra’ Angelico (on compte notamment un chef-d’œuvre absolu tel que le Paradis des Offices, le grand triptyque de Cortona avec sa prédelle, l’ Annonciation lumineuse et polychrome de San Giovanni Valdarno, deux extraordinaires panneaux de l’ Armadio degli Argenti, une des œuvres les plus significatives parmi celles qu’a prêtées le musée florentin de San Marco), d’autre part, il y a aussi eu une volonté de fond de faire connaître des œuvres moins célèbres, rarement ou jamais exposées, afin d’offrir aux chercheurs et au grand public les différentes expressions issues des nombreuses ramifications du travail de l’artiste. L’exposition présente les différentes périodes de la production de l’artiste et la versatilité de son travail de peintre (à travers des panneaux, des tabernacles, des compartiments de retables et de polyptyques, des toiles), d' enlumineur (les codes les plus importants décorés par Fra’ Angelico et ses collaborateurs) et de dessinateur (pour la première fois, une étude monographique est consacrée à ce secteur significatif de l’art de Beato Angelico). On pourra admirer pour la première fois la remarquable et complexe prédelle de Zagreb ( Stigmates de Saint François et Martyre de Saint Pierre), la problématique Annonciation de Dresde (ré-assemblée au XVIe siècle), le précieux fragment avec Saint Jean Baptiste de Leipzig (peut-être rattaché au retable de San Marco), le compartiment du retable d’Annalena qui se trouve aujourd’hui à Zurich. Pratiquement inédites, l’ Imago pietatis sur parchemin d’une Collection particulière turinoise, réalisée par l’atelier mais dont l’histoire est extrêmement intéressante; les deux panneaux latéraux d’un triptyque avec les Bienheureux et les Damnés (1430 environ), œuvres raffinées faisant partie à l'heure actuelle d’une collection particulière américaine. Parmi les nombreuses réflexions recueillies dans le catalogue, il convient de souligner l’intérêt scientifique considérable de la présentation des résultats d’une campagne d’analyses réflectographiques à l’infrarouge réalisée sur un échantillon significatif de l’œuvre de l’Angelico (nombre desquelles présentes dans l’exposition) par le Laboratorio Arti Visive de l’école normale supérieure de Pise avec les subventions du Comitato Nazionale: on y constate la qualité et le raffinement du dessin de l’Angelico, artiste modéré dans les corrections, au tracé élégant, médité et sobre dans la réalisation de la 'trace' graphique sous ses figures et ses compositions.