Les parfums d’Aphrodite et le secret de l’huile

L'exposition a pour origine les récentes recherches menées par la Missione Archeologica Italiana del Consiglio Nazionale delle Ricerche (Mission Archéologique Italienne du Conseil National des Recherches sur le site de Pyrgos, dans la zone sud-est de l'île de Chypre.
Les fouilles, dirigées par Maria Rosaria Belgiorno, ont mis au jour les restes d' une vaste installation industrielle remontant au II millénaire av. JC., centrée sur la production d'huile d'olive.
En plus d'un pressoir à huile et d'un magasin, des secteurs connexes à l'utilisation de l'huile d'olive ont été trouvés, dans le tissage, la production de parfums et dans la métallurgie, où l'huile était utilisée comme « combustible » pour atteindre de hautes températures dans les procédés de fusion.
Le caractère exceptionnel de la découverte réside dans la mise au jour d'une zone archéologique intacte: la zone dut être abandonnée en 1850 av. JC. à la suite d'un séisme et d’un violent incendie alimenté par la quantité énorme d'huile.

L'exposition présente la fascinante découverte de la plus ancienne fabrique de parfums, où les structures, les vases et le mobilier, parfaitement conservés, ont permis de reconstituer les méthodes utilisées pour extraire les substances aromatiques et les diverses phases de la fabrication des parfums.
Des analyses poussées ont démontré qu'au moment du tremblement de terre on produisait dans la parfumerie 14 essences différentes parmi lesquelles: coriandre, bergamote, laurier, myrte, lavande et romarin.
Parmi le vaste répertoire de vases exposé, il faut signaler deux vases rares de facture raffinée: une amphore avec deux statuettes anthropomorphes à la place des anses et une cruche décorée de serpents en relief côtoyant une silhouette anthropomorphe. L'appareil à distiller est d'une importance particulière, composé de 4 grands vases en terre cuite, il constitue le premier exemple d'alambic de l'histoire et anticipe de plus de mille ans la connaissance des pratiques de la distillation, considérée comme une invention arabe du VII siècle.

Dans les espaces d'exposition est évoquée la luxuriante végétation présente à Chypre et le visiteur pourra s'immerger dans les arômes reproduits sur la base des témoignages littéraires, en utilisant les matières premières et les ustensiles similaires à ceux de l'Antiquité.
La continuité de la production des parfums jusqu'à la période byzantine est attestée par une série de porte-parfums, comme la bouteille de verre avec une grappe de raisin et des roses en relief, quelques encensoirs précieux trouvés dans le temple d'Aphrodite d'Amathunte et deux statuettes d’orantes qui tiennent une fleur entre leurs mains. L'exposition se termine par quelques objets modernes utilisés encore aujourd'hui à Chypre pour la production d'essences destinées à un usage domestique ou liturgique: alambics pour l'extraction des parfums de citron, orange amère et rose.

La renommée de l'île, consacrée à Vénus, liée aux parfums et à la beauté féminine, demeure inaltérée à travers les siècles et revit dans la création de “ Chypre de Coty”, un des plus célèbres parfums du siècle dernier, créé par François Coty en 1917.